Savoir dire non à l’engagement d’obéissance absolue !
Suite à la promulgation de la loi contre les séparatismes en date du 24 août 2021, qui subordonne l’octroi des subventions aux associations à la signature d’un « contrat d’engagement républicain », nous sommes en attente du décret en Conseil d’Etat qui doit fixer le contenu des obligations à souscrire.
Or le projet de décret actuel, tel qu’il a été soumis au débat public, ne peut être signé en l’état, en ce qu’il comporte un point 6 qui contient l’obligation de renoncer à « revendiquer sa soustraction aux lois de la République, sous quelque motif que ce soit »
Cette obligation ne saurait être prise à la légère. Elle fixe une obligation d’obéissance absolue au Pouvoir, que l’on aurait crue digne d’un gouvernement totalitaire parvenu aux affaires. Or, c’est un gouvernement de la V° République qui l’a concoctée, sous couvert de lutte contre l’islamisme.
Cette obligation, que l’on entend nous voir souscrire, est contraire à l’article 2 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui affirme le droit à la résistance contre toutes les formes d’oppression. La résistance est l’unique manière de freiner l’évolution vers les formes totalitaires de gouvernement et nul ne saurait contraindre le peuple à y renoncer.
Comment, dans ces conditions, revendiquer encore l’existence du peuple breton alors même que « l’unicité du peuple français » soit la négation des peuples minoritaires, figure dans la tradition républicaine, au plus haut niveau des normes en vigueur ?
Signer cet engagement reviendrait à nier l’existence du peuple breton dans l’espoir de pouvoir défendre sa culture. Où est la cohérence ?
Signer cet engagement reviendrait à renoncer à pratiquer l’immersion linguistique et à le revendiquer, ce que nous faisons actuellement, puisque cette pédagogie est désormais contraire aux lois de la République, selon le Conseil constitutionnel. On en dirait autant des signes diacritiques et de toutes nos revendications légitimes.
Signer cet engagement nous conduirait à renoncer à affirmer que la Loire atlantique est bretonne, au mépris du découpage territorial actuel qui la situe dans la région dite des « Pays de la Loire ».
Nous ne pouvons pas renoncer à nos libertés, à nos droits fondamentaux, comme à la sauvegarde de nos langues, à l’unité de notre territoire.
Nous connaissons aujourd’hui un véritable glissement du Pouvoir vers l’autoritarisme. Ce glissement est la dérive d’une République construite sur le dogme de l’inexistence des peuples, sur la certitude de la supériorité de la culture et de la langue française, et sur le libre droit de coloniser et d’assimiler tous les peuples inférieurs. L’âme de le République française se situe de ce côté-là.
Ceux qui exercent aujourd’hui le Pouvoir, soit la technocratie parisienne aidée de ses relais locaux, se servent de ce repoussoir pour faire reculer nos libertés. Ils nous font ce chantage odieux : Soit vous êtes avec la République, soit vous être contre. Mais de quelle république parlons-nous ? La République devient le lieu d’expression du nationalisme français le plus odieux.
Le « contrat d’engagement républicain » gênera moins les islamistes qui disposent de relais efficaces à l’étranger, que les minorités nationales dont les langues et cultures dépendent fortement des subventions. Nous sommes toujours au final, les principales victimes du système. Souvenons-nous de la loi Toubon.
Il reviendra aux collectivités locales de se positionner sur l’allocation de subventions aux associations qui estimeront ne pas pouvoir signer.
La démocratie repose sur nos épaules, aujourd’hui. Elle demande un peu de lucidité et de courage.
Il y en aura bien sûr qui protesteront en vous disant que ce n’est pas si grave, que la signature n’engage pas à grand-chose et que ce n’est pas si important….
Nous répondrons que la politique consistant à s’engager à l’obéissance absolue pour qui veut défendre ses libertés est une hérésie. Elle n’inspire pas le respect.
On ne peut exclure, d’ailleurs, que le projet de décret soit amendé dans le bon sens suite à la pression qui viendra de la base.